L'industrie reste optimiste malgré les défis

La stabilité de la chaîne d'approvisionnement reste un problème

Les pénuries de pièces de rechange et le chaos au sein de la chaîne d'approvisionnement sont devenus monnaie courante pour les entreprises européennes. Pas moins de 81% des entreprises industrielles déclarent se méfier des perturbations dans ce domaine. C'est ce qui ressort d'une étude réalisée par Reichelt Elektronik auprès de 1.250 chefs d'entreprise de ce secteur. Cependant, on détecte également un certain optimisme.

Un optimisme modéré

Malgré les défis importants, près de la moitié des entreprises du secteur restent optimistes quant à l'avenir et espèrent que la situation s'améliorera. 41% pensent le contraire, ce qui divise largement le secteur entre ces deux extrêmes. En 2021, près de deux tiers des entreprises semblaient encore avoir une vision positive de l'avenir. Il est donc clair que les dernières années ont été difficiles.

Lorsqu'il s'agit d'évaluer la résilience de leur propre entreprise, la plupart des répondants se montrent confiants. Toutefois, une petite majorité (56%) ont indiqué que leur entreprise avait subi des pertes importantes au cours des trois dernières années. 70% pensent que ces pertes peuvent être compensées par la mise en œuvre d'un système fiable visant à faire face aux difficultés de la chaîne d'approvisionnement.

Combiner le juste-à-temps et les stocks

Lorsque les stocks diminuent ou que les livraisons sont retardées ou annulées, l'industrie manufacturière européenne est pratiquement à l'arrêt. Toutefois, les résultats de la récente enquête montrent une amélioration par rapport aux années précédentes. En 2021, le temps d'arrêt moyen de la production était de 36 jours. L'année suivante, ce chiffre atteignait 47 jours. En 2023, le temps d'arrêt moyen était de 33 jours. Il est intéressant de noter que 17% des personnes interrogées ont déclaré ne pas avoir été affectées par les nombreux défis. Tout cela indique que les mesures prises l'année dernière ont porté leurs fruits.

L'une des principales tendances est l'augmentation des stocks. En 2021, 47% des entreprises ont déclaré poursuivre cette stratégie, tandis qu'en 2022, elles étaient déjà 57%. Ce pourcentage reste à peu près le même pour 2023, tandis que 38% déclarent qu'elles augmenteront encore leur stock de pièces spécifiques et critiques au cours de l'année à venir. Cela concerne principalement l'industrie manufacturière ou les pièces informatiques et les composants électriques. L'industrie automobile met également l'accent sur cette stratégie, puisque près de la moitié des entreprises déclarent qu'elles augmenteront leurs stocks.

40% prévoient de revenir au concept du juste-à-temps dès 2024, alors que près d'un tiers l'a déjà fait en 2023. Pourtant, même ces entreprises continuent de stocker des composants clés dans leurs entrepôts. Les secteurs de l'électronique, du matériel informatique, de la fabrication textile, du transport, de la distribution et de l'aviation sont particulièrement tributaires de l'approche combinée. Cette évolution est tout à fait conforme à l'enquête précédente, dans laquelle plus de la moitié des personnes interrogées ont déclaré qu'elles envisageraient fortement de revenir à cette stratégie.

Les fournisseurs sont plus flexibles et plus locaux

Malgré le malaise persistant de la chaîne d'approvisionnement, la capacité à s'approvisionner efficacement en composants et matériaux en interne s'est considérablement améliorée au cours des deux dernières années. Seules 38% des entreprises déclarent encore rencontrer des difficultés dans ce domaine, contre 82% début 2022.

Les fortes augmentations de prix des composants critiques sont particulièrement préoccupantes pour de nombreux répondants. Alors que 43% d'entre eux l'indiquaient en 2022, ils sont aujourd'hui 70%. Nous constatons que les pénuries de personnel (54%) et les stocks limités de composants critiques (p. ex. microélectronique) (55%) sont également des préoccupations majeures. Pas moins de 61% considèrent l'inflation comme un facteur de risque majeur, tandis que 59% craignent une hausse ou une augmentation permanente des prix de l'énergie.

Le rapport met en lumière une autre stratégie innovante pour lutter contre les goulets d'étranglement dans la chaîne d'approvisionnement et renforcer ou maintenir la résilience. Une grande majorité (92%) considère la diversification des fournisseurs comme une stratégie cruciale. En outre, l'industrie européenne préfère la délocalisation, c'est-à-dire le recours à des fournisseurs locaux (84%) et moins chers (81%). Elle souhaite ainsi devenir moins dépendante de certaines parties. Elle limite également l'impact des changements géopolitiques et économiques.

Volonté d'indépendance

Les tensions en Europe de l'Est et au Moyen-Orient, la récession économique, l'inflation et l'augmentation de la charge de travail due aux nouvelles législations écologiques et aux lois sur la chaîne d'approvisionnement restent un risque particulièrement élevé pour l'industrie européenne. La guerre entre l'Ukraine et la Russie fait particulièrement sentir ses effets, 52% des personnes interrogées estimant qu'elle a un impact majeur sur le commerce mondial.

Malgré cela, les entreprises européennes ne se découragent pas: 69 % d'entre elles sont déjà prêtes à mettre en œuvre les nouvelles réglementations relatives à 'The Act on Corporate Due Diligence Obligations in Supply Chains' ou font de toute façon de grands progrès dans ce domaine. En outre, 77% se tournent vers des fournisseurs plus respectueux de l'environnement, tandis que 70% optent pour des partenaires qui respectent manifestement les droits de l'homme.

Le désir d'indépendance s'est révélé omniprésent en 2023. La grande majorité des entreprises (82%) espèrent que le gouvernement soutiendra davantage les projets de recherche au sein de l'UE, en particulier dans le domaine des semi-conducteurs ou d'autres composants essentiels qui contribuent à la compétitivité et à l'autosuffisance. En 2022, seules 40% d'entre elles y étaient favorables, contre 38% l'année précédente. Pas moins de 70% des répondants souhaitent une spécialisation plus poussée dans les nouvelles branches technologiques, car les entreprises y voient des possibilités de renforcer leur position européenne. La technologie quantique, avec 62%, est considérée comme particulièrement prometteuse.