Comment durabiliser la gestion des actifs?
La Terre, notre actif le plus precieux
Le terme durabilité est aujourd‘hui utilisé un peu pour tout ce qui évoque un meilleur cadre de vie. Il va sans dire que dans la gestion des actifs, on pense surtout à la circularité des pièces et des techniques de maintenance utilisées pour maintenir les installations et leurs composants en service plus longtemps. C‘est vrai, mais ce ne sont que des fractions de la gestion durable globale des actifs, comme l‘a expliqué recemment la NVDO, l‘association de la maintenance aux Pays-Bas, pendant son après-midi sur la gestion durable des actifs.
Notre principal actif
Quel est notre ‘principal actif’?
C’est avec cette question que Nico Groen (professeur dans l‘option Asset Management et Directeur & Principal Consultant Asset Management au bureau de consultance Traduco) a débuté l’après-midi d’information de la NVDO. La réponse est à la fois évidente et inattendue: notre Terre, à laquelle tous les autres biens sont subordonnés. Avec Roger Ham (Continuous Improvement Engineering Lead Europe & Russia pour le groupe Kerry) et Jos Voeten, conseiller en durabilité pour la Rijkswaterstaat, nous vous expliquons comment la gestion des actifs peut s‘adapter à notre avenir dans ce contexte.
teletravail?
Un exercice d’équilibre infrastructurel
La Rijkswaterstaat est propriétaire des infrastructures et des structures néerlandaises (comme les ponts) et est responsable de leur entretien et pérennité. Pour cela, l‘agence reçoit une enveloppe de près de 5 milliards d‘euros par an. Le défi pour l‘avenir réside dans la mobilité durable. Cela transcende la question de l‘infrastructure car elle inclut la valeur et les coûts (sociaux) de l‘utilisation. Jos Voeten l‘explique au moyen d‘une étude de cas sur la mobilité adaptative connectée: une technologie future qui permettra aux voitures interconnectées qui synchronisent leur vitesse de rouler virtuellement les unes contre les autres.
“Cette technique permet de multiplier par cinq à dix la capacité des voies de circulation de 1.700 véhicules par heure. L‘élargissement des routes et la construction de nouvelles autoroutes ne sont plus nécessaires, ce qui réduit l‘espace nécessaire pour l‘asphalte. La théorie est intéressante, mais qu‘en est-il de la pratique? La facilité d‘utilisation augmente car les gens n‘ont plus besoin de conduire eux-mêmes. .
Le nombre de personnes voyageant en train diminue, car “la voiture offre un cadre individuel en déplacement”. En conséquence, l‘utilisation totale des voitures augmente, tout comme les émissions de CO2 et de NOx. En ajoutant à l‘équation les véhicules électriques, on peut réduire la pollution sur les routes, mais les centrales électriques vont devoir produire d‘un coup plus d‘électricité pour compenser à la fois la consommation plus élevée d‘électricité et les pertes de transport (perte d‘énergie électrique pendant le transport d‘électricité due à la résistance électrique des installations du réseau). Ce nouveau mode d‘utilisation des infrastructures pourrait donc être moins durable que le mode actuel et ne peut réussir que si l‘on trouve la réponse à d‘autres questions sociétales fondamentales. Devons-nous vraiment nous déplacer? Pourquoi devons-nous nous déplacer? Et comment? Le télétravail pourrait offrir ici une réponse plus durable. Cela permettra de réduire le nombre de mouvements de transport. Si 15% des personnes continuent à travailler à domicile, le problème des embouteillages sera résolu, aucun espace supplémentaire ne sera nécessaire pour maintenir la mobilité, l‘entretien des routes et les désagréments seront réduits et la pollution de l‘air sera considérablement réduite. De plus, cela peut se faire sans recourir à des techniques encore non éprouvées et sans grande résistance de l‘opinion publique.“
le cout d’une mauvaise gestion des actifs
La notion de responsabilité
Roger Ham, employé par le groupe Kerry, le plus grand fournisseur mondial d‘additifs pour l‘industrie alimentaire, évoque une autre forme de durabilité. L‘entreprise emploie 125.000 personnes sur 147 sites de production dans 32 pays. Roger Ham revient sur les questions du ‘pourquoi, comment et quoi‘ de la gestion d‘actifs et sur la façon d‘y répondre chez Kerry.
“La raison sous-jacente d‘une bonne gestion d‘actifs est surtout de ne pas être associé à des informations négatives“, selon Roger Ham. “Si l‘image d‘une entreprise est touchée, cela aura des conséquences sur le chiffre d‘affaires et donc sur les bénéfices, mais aussi sur le directeur d‘une installation de production et, en fin de compte, sur le propriétaire de l‘entreprise, qui seront tenus pour responsables des problèmes. Dans la pratique, vous constatez souvent que les gestionnaires de sites ne sont pas impliqués dans la gestion des actifs et la considèrent comme un poste coûteux, jusqu‘à ce que vous leur rappeliez leur responsabilité en cas de problèmes causés par une mauvaise maintenance ou d‘autres erreurs qui auraient pu être évitées. Lorsqu‘on évoque les coûts d‘une telle situation, la question semble d‘un coup les intéresser. On parle de sommes bien plus importantes que celles liées aux coûts opérationnels initiaux et totaux (TOC). La prévention est un aspect de la durabilité, tout à fait indépendamment, p. ex., de tout dommage environnemental et personnel qui peut être récupéré auprès de l‘entreprise. Il est donc important de ne pas traiter la gestion d‘actifs à la légère.“
La gestion du cycle de vie est essentielle
Selon Roger Ham, la gestion du cycle de vie est un aspect fondamental d‘une procédure planifiée d‘achat, de maintenance ou de remplacement des équipements. “Les coûts qui y sont liés sont presque toujours prévisibles et peuvent donc être intégrés dans les calculs. Cela signifie également qu‘ils peuvent être inclus dans un budget annuel et que le gestionnaire ne sera pas confronté à de mauvaises surprises. Cela laisse une certaine marge de manœuvre financière pour la gestion des actifs. Une bonne gestion des actifs va au-delà de la vision à court terme du P du Profit. Les P de People, l‘humain, et de Planet, et donc le long terme, ont aujourd‘hui la priorité, parce que si ces éléments sont bien gérés, le P du profit est également garanti à long terme. En fait, cela garantit une installation de production plus sûre, conforme et stable et permet de débloquer des possibilités jusque là invisibles. Il s‘agit donc également d‘un aspect de la durabilité.“
Cinq points d’attention
Pour conclure, Nico Groen, chef de séance, a énuméré cinq domaines de la gestion durable des actifs. Il fait également référence à la formation de la NVDO qui traite ces questions de manière plus approfondie.
- Resource depletion
Il s‘agit de l‘épuisement des ressources, ce qui signifie qu‘il ne faut pas produire plus de déchets que la nature ne peut en produire en un temps donné. - Material pollution
Quelle quantité de matières premières pouvez-vous prélever sur la planète par rapport à la reconstitution des stocks? - Chemical pollution
Quelles quantités de produits chimiques pouvez-vous produire, sont-ils dangereux et biodégradables? - Health and wellbeing
Comment considérer la nature acceptable de votre production si vous mettez en danger la santé et le bien-être des gens? - Economic profit
Il s’agit évidemment du rendement, ici.
Ces cinq points d‘attention sont liés entre eux et vont donc au-delà de la vision traditionnelle de la gestion des actifs: la longévité d‘un actif. Un bon équilibre entre les cinq points est essentiel et constitue la base d‘un modèle durable. Dans ce modèle, chaque décision est confrontée à la probabilité de dommages et donc des coûts qu‘elle implique. Il est tout aussi important qu‘un propriétaire d‘actifs assume la responsabilité des actifs et, à ce titre, étudie les aspects de durabilité de ses actifs.
Guide d’intervention
En utilisant son tout nouveau guide d’intervention, Jos Voeten indique de manière claire que la durabilité comporte de nombreux aspects, tous interconnectés. Le guide comprend un tableau magnétique avec des cercles concentriques subdivisés en morceaux de tarte. Chaque morceau de tarte indique un aspect qui a une incidence sur la résolution d‘un problème. Avec les pions magnétiques, vous indiquez pour chaque secteur où vous vous situez dans l‘évolution. L‘objectif final est d‘arriver dans le cercle du milieu et d‘équilibrer tous les aspects d‘une question.
